Brulure
Sur le chemin du retour, il nous faut emprunter une route des plus chaotiques. Des bosses, du sable fin, un sol cahoteux. Alors que nous franchissons un pont en tres mauvais etat, bombarde par le LTTE il y quelques annees de cela, le scooter derape, et je tombe. Je suis serieusement brule. Immediatement, nous consultons un docteur, ce n'est pas "grave" alors je tente d'oublier la douleur pour ne voir plus que les sourires des enfants dans les villages, les plages sauvages, et aussi les restes de bombes, les camps de refugies desertes.
Pourtant, depuis quelques jours, je suis tres mal en point, la blessure s'est infectee, j'ai de la fievre, tout le monde me dit que ce n'est rien, mais je vois bien que ca s'aggrave. J'ai l'impression que les medecins ici ne savent pas ce qu'ils font, je n'arrive pas a leur faire confiance, c'est trop douloureux, et j'ai peur.
Je suis obligee de retarder mon voyage dans le sud, esperons que je puisse etre en etat de voyager a Jaffna, et de recuperer ma jambe intact. Je ne voulais pas en parler mais je ne sais pas quoi faire.
Attendre ?
Vendredi : je vais beaucoup mieux, je n'ai plus de fievre, je prend des antibiotiques, et ma plaie est moins infecte. Et cela aux prix de nombreux efforts. J'ai du consulter un autre medecin qui m'a bombarde d'antibio et de medicaments contre la douleur qui m'ont rendu encore plus malade, puis me rendre a l'hopital. La premiere fois, je suis tombee sur un medecin qui visiblement n'avait pas le temps de s'occuper de moi, qui m'a dit que ce n'etait rien, alors que j'avais plus de 39 de fievre. Bref, vive le stoicisme sri lankais ! j'ai persevere en insistant aupres de Shazu pour me rendre une deuxieme fois a l'hopital apres une grosse poussee de fievre hier matin. Mais il s'est avere que cette fievre etait du a la douche que j'avais pris le matin (je me suis lavee la tete a l'eau froide) et mes autres symptomes aux antibios qui n'etaient toujours pas adapte. J'ai insiste pour qu'on prenne ma temperature, qu'on me fasse un rapport medical et une prise de sang, et aussi pour qu'on nettoie ma plaie.
J'avais demande au premier medecin de nettoyer ma plaie qui etait infecte mais il n'avait pas de compresse ni d'eau sterilise, et ni de thermometre pour prendre ma temperature. Et pourtant nous etions dans un grand centre medical de Colombo, c'est hallucinant ! quant au deuxieme medecin, c'etait pratiquemment moi qui lui montrait comment faire, en se lavant les mains, puis en mettant des gants et en prenant une compresse neuve. Heureusement que le deuxieme medecin de l'hopital a ete super efficace, sinon j'etais partie pour une enieme sejour a l'hopital.
Bon tout cela m'a coute cher, mais on ne lesine pas sur la sante. Maintenant je vais mieux, apres un gros passage a vide qui aura dure trois jours (et je ne suis pas tout a fait remise) normalement dimanche je pars a Jaffna avec mes amis tcheques, ils ne se trouvent pas loin de la capitale en ce moment. Comme ca j'aurais realise le but utltime de mon voyage (et meme plus que le but car au depart ce n'etait pas prevue que je me rende dans l'extreme nord)
Quant a la brulure, elle est si j'ose dire typiquement sri lankaise. Tout le monde est brule au Sri Lanka, sur le corps bien sur, mais a l'interieur aussi. Parfois je parle avec les gens, au debut ce n'est qu'un beau sourire, et au fur et a mesure, je commence a sentir toute la douleur du fait de la durete de la vie quotidienne, et la rancoeur aussi, car personne ne se fait de cadeaux. Et autre chose aussi, comme une blessure pour des drames plus graves.
Une vague pour detruire un pont, une guerre pour aneantir un lien.
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